Émerveillement et éveil

Maya

Au soir du 31 décembre 2014, cette année m’est apparue comme un lotus : 365 pétales épanouis, 365 jours éclos, offerts à notre vie.
A l’horizon, le soleil baignait dans un ciel d’une intense couleur indigo, quelques silhouettes d’arbres, en ombres chinoises intensifiaient de leur découpe la beauté du paysage. Est monté en moi alors, un sentiment de gratitude infini pour ce temps accompli.

À l’aube de 2015, ce même horizon étincelait d’une blancheur délicate, givre posé au pinceau sur la verdure, lumière d’opale, Monet recomposait le paysage.
2015 m’est alors apparue, naissante, bourgeon à la surface d’un cycle que notre conscience allait éclairer jour après jours une fois encore.
J’envoyai les traditionnels vœux cette fois-ci « d’émerveillement et d’éveil ».
Puis il y a eu la rentrée et cette semaine chaotique et traumatisante. L’effroi, la colère, les commentaires en tous sens, la douleur, les pleurs, le deuil, les revendications, tous les sentiments de la psychologie humaine ont surgi avec véhémence.
Dans nos cours de yoga, nous avons accueilli cette déferlante d’émotions, de contractions, de stress et de stupeur. S’est imposée dans l’urgence, l’absolue nécessité d’indiquer l’ancrage, le centrage, le silence au profit de l’écoute intérieure.
Les pratiques de yoga, vécues au fil de ces heures noires, restaient un espace où les élèves pouvaient librement se poser, déposer le fardeau de leurs tourment(e)s, s’accueillir tels que les évènements les avaient malmenés.
En tant que professeur, il a fallu composer comme chaque jour, adapter la pratique à cette situation d’urgence.
La grande charge émotionnelle, les sentiments contradictoires, ont perturbé grandement la respiration : blocage du diaphragme, oppression, viscères noués, respirations courtes. Soudain les mots : " debout le poids du corps réparti sur les deux pieds parallèles, retrouvez au centre l’axe majeur de votre colonne vertébrale " ont résonné avec une justesse particulière, en tous points adaptés à la situation.
Se tenir debout à l’équilibre (samasthiti) dans une énergie verticale, construire ce redressement devenait un acte de confiance, de foi en cette capacité interne profondément inscrite dans notre structure anatomique de pouvoir être stable, relié au meilleur de nous-même ou du moins à tendre vers cette direction. La notion d’ardeur (tapas) chevillée à cette intention de faire effort pour continuer, quoiqu’il advienne, d’aller chercher en nous la lumière omniprésente.
Plus que jamais :
• Le souffle à notre secours.
• Les appuis sur le plexus solaire, à plat ventre pour décontracter, auto-masser le diaphragme.
• Les équilibres simples mains jointes (anjali) pour se recentrer, se concentrer.
• Le son pour allonger les expirations, détendre le ventre, nettoyer nos mauvais sentiments, interroger nos sensations accueillir nos limites.
• Offrir le pranayama, après le nettoyage amorcé par les asana, tenter de relancer la circulation harmonieuse de prana.
• Orienter notre méditation vers un absolu confiant, vers la compassion, se relier au meilleur de nous - même, enfin retrouver la gratuité de la pratique dans cet acte de confiance.
Jour après jour les cours de yoga se sont succédés, inscrits dans cette optique d’accueil, de réconfort, d’écoute, de découverte, ô combien de l’autre, d’amour à préserver.
La nécessité de se rassembler intérieurement chacun en soi après les bains de foule, de faire silence pour écouter notre voix intérieure au milieu de la surinformation, des commentaires en tous sens, s’est précisée.
L’émerveillement du yoga était bien là au milieu de ce bouleversement général et intense, à nous aspirer vers le haut sans jamais cesser de nous éveiller.
Bonne année à tous !

Maya :
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