“Le plus grand yogi du monde” Article écrit par Mathieu dans la revue Infos Yoga 99. Iyengar par Mathieu

Hommage à Bellur Krishnamachar Sundararaja Iyengar.

Je n’ai rencontré Iyengar qu’une seule fois, en juillet 1987, dans sa demeure, à Pune, à côté du Ramamani Iyengar Memorial Yoga Institute, son école de yoga.
Je lui ai demandé si je pouvais le photographier, il a appelé Geeta, une de ses filles, pour qu’elle soit présente sur la photo.

 

- Pourquoi avez-vous tendance, dans une même séance, à enchaîner jusqu’à soixante postures ?
Sa réponse fut nette :
- Je cherche ainsi à obtenir le lâcher-prise dans la posture. C’est un moyen efficace. Si vous accumulez des postures toniques le pratiquant va assurément lâcher dans une de ses postures.

 

 

Il a ensuite longuement évoqué son enfance, une famille pauvre, une santé problématique, l’invitation de son beau-frère Krishna- macharya à venir vivre chez lui à Mysore, son espoir que Krishna- macharya lui enseigne le yoga, sa désillusion parce qu’on le traite alors en parent pauvre et que l’on ne lui donne que des tâches ménagères, la tuberculose qui le terrasse et finalement, grâce à la maladie, Krishnamacharya qui s’intéresse enfin à lui, le soigne et lui enseigne même un peu de yoga.

- A 16 ans, j’ai fait le serment de devenir le plus grand yogi du monde dit alors Iyengar. Il ferma les paupières, il se recueillit.
- Et j’ai réussi ! déclara-t-il soudain.
Cette affirmation n’avait rien de ridicule ou de prétentieuse, d’abord parce qu’effectivement son yoga est l’un des plus pratiqués à travers la planète, et qu’il a eu des élèves prestigieux comme la reine de Belgique ou Yehudi Menuhin, mais surtout parce que cette confession était  émouvante et pleine d’humanité.
Il avait su transmuter les difficultés, les souffrances, les humiliations subies en une incroyable force, une force qui apparaît dans sa méthode de yoga, une parfaite illustration de ce que les psychologues appellent la résilience.